l’immigration en Guinée: les autorités et les parents immigrés refusent de prendre leurs responsabilités

On en sait cependant beaucoup moins sur ceux qui sont morts avant même d’atteindre la mer, en traversant le désert sans fin du Ténéré, au cœur du Sahara. Depuis donc des décennies, il ne se passe un jour sans que des centaines de jeunes guinéens ne s’engagent sur la route de l’immigration illégale. Face à cet enfer du désert qui dévore chaque jour les jeunes, les parents et les autorités restent indifférents. De la vallée du Tillessi aux grottes d’Adrar d’Iforas, au nord du Mali, d’Agadez, au désert sans fin du Ténéré en passant sur le Plateau de Tchigai au Niger, portes d’entrée de nombreux migrants qui tentent de rejoindre la Libye pour traverser la Méditerranée vers l’Italie, on estime entre 90.000 à 200.000 personnes qui traversent cette zone désertique hostile et aride au nord-est du Niger.

La plupart d’entre eux sont de jeunes, originaires de l’Afrique au sud du Sahara dont beaucoup de jeunes guinéens.

Les saisissants témoignages d’un rescapé des déserts du Ténéré, d’Agadez

« Après la vente d’une voiture, j’ai gardé l’argent par devers moi sans fait le compte rendu à mes patrons ni à mes parents. C’est ainsi qu’un soir, j’ai pris la voiture pour Bamako d’où après un bref séjour, mon ami et moi sommes embarqués pour Nouadhibou en Mauritanie. Dans cette ville portuaire de la Mauritanie, nous n’avons pas pu trouver l’occasion pour nous rendre à Tetouan, au Maroc afin d’atteindre le Delta de Gibraltar, passage préféré de plusieurs migrants. On va alors rebrousser chemin pour braver cette fois-ci le désert du Niger.

Nous voilà donc à Agadez. Tous attendaient, prêts, les pick-up et autres camions pour le voyage. D’autres attendaient que leurs familles leur fassent parvenir de l’argent pour négocier une place dans la pick-up pour la deuxième étape du voyage qui conduit à la frontière libyenne. Entassés comme des chèvres dans une pièce exiguë, chacun caressait le secret espoir de quitter la ville pour les côtes libyennes », dira Tidiane que nous rencontré en famille au quartier Yimbaya, dans la commune de Matoto.

Selon ce rescapé du désert, une fois arrivé à Agadez, il faut se cacher, s’enfermer dans les taudis sales sans issue. « Plusieurs personnes sont obligées de partager un plat. Ils quittent la ville, tous feux éteints et s’enfoncent dans le désert à pleine vitesse. C’était difficile et douloureux dans le désert.

Mon compagnon, mon frère, mon ami Ali ne pouvant plus marcher ni parler, a rendu l’âme dans mes bras. Plus de 20 personnes du convoi sont mortes et les corps abandonnés dans le sable chaud. C’est terrible ce qui se passe dans cette partie d’Afrique. Escortés jusqu’à Tombouctou, on a regagné après Bamako où on a été pris en charge par une ONG.

Mais, il faut retenir que beaucoup de nos frères périssent dans le désert en Afrique du Nord. Que les parents et nos autorités ouvrent les yeux de ce côté. Sinon, c’est un véritable drame humain devant lequel tout le monde reste indifférent », conseille le jeune Tidiane qui promet de dissuader ses amis qui caressent le désir de prendre le chemin de l’immigration illégale.

L’indifférence des autorités

Les médias guinéens et surtout étrangers racontent régulièrement l’horreur de l’émigration irrégulière et renvoient les visages juvéniles de ces milliers de jeunes guinéens engloutis dans l’Atlantique et la Méditerranée sur le chemin d’un espoir vers un avenir meilleur qu’ils ont cultivés en eux. Cette réalité que vivent les familles guinéennes au quotidien, est reléguée au second plan par les autorités. L’histoire de ce jeune homme qui a vu ces frères guinéens mourir de faim et de soif dans le désert sans fin de Ténéré, au Niger, est émouvant. Son compagnon mort dans le désert et dont le corps a été abandonné sur le sable, rêvait de rejoindre l’Italie afin d’atteindre son rêve d’avoir de l’argent pour aider sa mère et ses frères.

Assoiffé, affamé et épuisé sous un soleil d’aplomb, il n’est pas arrivé au bout d’un voyage qu’il avait secrètement organisé, sans avertir ses parents. « Les jeunes n’ont plus de perspectives d’avenir. » Du côté des autorités, on soutient que des efforts ont été faits et continus d’être faits sur le terrain. Ainsi, au ministre de la jeunesse et Emploi Jeunes, On nous apprend que des caravanes et autres rencontres ont été organisés à travers le pays.

Les jeunes seraient informés des risques de l’immigration clandestine. Les gouvernants pensent que les parents des migrants sont complices du départ de leurs enfants. On soutient de ce côté que ce sont les parents qui organisent eux-mêmes les voyages. Quant au parents des candidats au départ et des victimes, ils pensent que les autorités ne font pas assez pour « freiner l’hémorragie » et aller au secours des jeunes en détresse au Niger, en Mauritanie et dans la Méditerranée.

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