1,4 MILLION D’ENFANTS TRAITÉS CONTRE LE PALUDISME

Le paludisme saisonnier, qui tue un enfant toutes les deux minutes chaque année en Afrique et fait perdre la vie à 405 000 personnes, reste encore un défi majeur à relever. C’est pourquoi le programme de chimio-prévention du Paludisme Saisonnier est mis en œuvre dans 13 pays d’Afrique et dans 6 régions du Sénégal où 1,4 million d’enfants ont été pris en charge. L’Université de Thiès (UT) est au cœur de cette stratégie et elle vient d’abriter une rencontre de partage des informations relatives aux objectifs et finalités. Dans le cadre de la mise en œuvre de sa politique de recherche, l’Université de Thiès (UT) a bénéficié d’un financement de l’Union Européenne pour soutenir le programme de chimio-prévention du Paludisme Saisonnier, des Programmes Nationaux de Lutte contre le Paludisme (PNLP) en Afrique de l’Ouest et du Centre. C’est dans ce cadre qu’un point de presse a été tenu à l’Unité de Formation et de Recherche (UFR) en santé, pour partager les informations relatives aux objectifs et finalités.

Selon Jean Louis Abdourahim Ndiaye Coordonnateur du projet et Professeur de Parasitologie et mycologie à l’UFR Santé de l’Université de Thiès au Sénégal, la stratégie est appliquée depuis 2013 dans 6 régions où le fardeau du paludisme est le plus important. Il s’agit des régions de Tambacounda, Kédougou, Kolda, Sédhiou, Diourbel et Kaolack.

Ainsi chaque année, un peu plus de 1,4 million d’enfants reçoivent ces médicaments, ce qui a permis une réduction drastique des cas de paludisme. En 2019, sur les 13 pays qui mettent en œuvre ladite stratégie, en l’occurrence le Bénin, le Burkina Faso, le Cameroun, la Gambie, le Ghana, la Guinée, la Guinée Bissau, le Mali, le Niger, le Nigeria, le Sénégal, le Tchad et le Togo, il y a eu 22 millions d’enfants qui ont pris ce traitement, soit 85 millions de traitements administrés, grâce à un financement extérieur consenti par les différents bailleurs.

De 2013 à 2018, tous les pays éligibles ont mis à l’échelle la stratégie, atteignant presque 18 millions d’enfants. C’est une stratégie à base communautaire car c’est le système de santé qui forme les agents communautaires qui vont dans les maisons. Ainsi la distribution des médicaments se fait au porte-à-porte. La première dose est donnée à l’enfant devant la maman et les autres doses sont administrées soit par la gardienne d’enfants, soit par les parents.

De l’avis du Pr Jean Louis Abdourahim Ndiaye, le paludisme tue un enfant toutes les deux minutes en Afrique et, renchérit Mme Ramatoulaye Diagne Mbengue, Recteur de l’Université de Thiès (UT), en 2018, on estime que 405 000 personnes ont perdu la vie à cause de cette maladie et dont la plupart sont des enfants de moins de 5 ans. Le Coordonnateur du projet ajoute que des chercheurs sénégalais ont pu mettre au point, depuis plus de 10 ans, cette chimio-prévention du Paludisme Saisonnier. Il est démontré à ses yeux qu’en donnant des médicaments efficaces à des doses thérapeutiques de façon perlée, en visant juste le pic de transmission du paludisme, les accès de palu chez les enfants ont été réduits de plus de 80%.

Les résultats ont été présentés à l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), qui a recommandé cette stratégie dès 2012. C’est ainsi qu’un atelier de lancement regroupant les chercheurs et les partenaires sociaux s’est tenu en 2013 et à cette occasion, un guide a été mis au point. Il poursuit : « Au Sénégal, par son leadership, par cette grande collaboration entre les chercheurs et le Programme National de Lutte contre le Paludisme (PNLP), la démarche est étendue aux enfants âgés de 10 ans avec des résultats probants notés nulle par ailleurs, alors que pour les autres pays, la stratégie est appliquée aux enfants de moins de 5 ans. Mais malgré cela, il est clairement noté qu’il y a encore un gab.

En 2019, il y a 30 millions d’enfants qui étaient éligibles à cette chimio-prévention du paludisme saisonnier, mais seuls 22 millions ont pu bénéficier du traitement, soit 8 millions d’enfants qui n’ont pas pu être protégés. » Même sur les 22 millions, une enquête de terrain permet de se rendre compte qu’il y a quelque part une surestimation, d’où la nécessité d’une véritable optimisation qui est l’objectif visé par le projet d’optimisation de la prévention médicamenteuse en Afrique de l’Ouest et au Sénégal. Il s’agit d’améliorer les programmes, de renforcer les capacités des programmes nationaux de lutte contre le paludisme, de pouvoir faire de la recherche opérationnelle afin d’atteindre un taux de couverture optimale, de sorte que tous les enfants éligibles puissent prendre correctement ce traitement.

Dans ce cadre, il note que l’Université de Thiès sort de son cadre classique d’enseignement pour aller dans l’action, à travers la formation des agents du Ministère de la Santé, les aider à faire de la recherche, à identifier où sont les problèmes, à proposer des solutions et à les mettre en œuvre.

RAMATOULAYE DIAGNE MBENGUE RECTEUR DE L’UT«L’UNIVERSITE DE THIES DEVIENT UN ACTEUR OPERATIONNEL DE LA LUTTE CONTRE LE PALUDISME»

Pour Mme Ramatoulaye Diagne Mbengue, Recteur de l’Université de Thiès (UT), dans le domaine de la santé, l’Université de Thiès devient un acteur opérationnel de la lutte contre le paludisme qui continue d’être un défi de santé publique. Elle ajoute : « La chimio-prévention du paludisme saisonnier est une stratégie qui cible ces jeunes enfants et qui a fait ses preuves, mais dont la couverture demeure sous-optimale dans certaines zones.

Notre Université s’honore donc d’héberger ce projet dont l’objectif principal et de renforcer les capacités des programmes nationaux de lutte contre le paludisme et d’élimination de la maladie à travers les stratégies suivantes : une planification efficiente, une recherche-action pour améliorer la mise en œuvre de la chimio-prévention du paludisme saisonnier, un suivi et une évaluation de la mise en œuvre et de l’impact et enfin la mise en place de systèmes de surveillance et de suivi ». Elle renseigne d’ailleurs que l’Université de Thiès a mis en œuvre le fonds d’appui à la recherche et à l’innovation, qui est un instrument de soutien à la recherche dont l’objectif est de financer des projets dans ce cadre. Le budget alloué à la recherche dans cette institution a plus que doublé. En effet, les ressources destinées au fonds d’appui à la recherche et à l’innovation sont passés de 7 millions en 2017 à 17 millions de Fcfa en 2018, puis 20 millions en 2019, pour atteindre 40 millions 2020. Un prix de l’innovation destiné aux étudiants a été également instauré pour un budget global de 15 millions de Fcfa.

Selon elle, la recherche constitue pour tout pays qui aspire à l’émergence un élément critique de son processus de développement économique et social. C’est pourquoi l’université de Thiès s’est engagée à soutenir la recherche, l’innovation, la coopération internationale et la collaboration entre les pôles scientifiques, mais aussi entre les établissements de notre université, pour asseoir de façon durable une culture d’interdisciplinarité et d’intervention multi acteurs.

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