Pris de court par cette annonce surprise de changement de gouvernement au Sénégal, on est en réduit à des conjectures, sur les motivations d’une telle décision.
En effet, jusqu’ici, et à ma connaissance le Sénégal sous Macky SALL, et notamment depuis les élections présidentielles de 2019, remportées haut la main, dès le premier tour, n’a pas connu de crise majeure. L’opposition étant désarconnée et empêtrée dans ses divisions, est réduite aux incantations oiseuses et n’a pas fini de panser les blessures de sa sacrée défaite.Pourquoi donc ce chamboulement annoncé au milieu d’une mer calme ?La presse sénégalaise a déjà annoncé, avant même la décision présidentielle, des têtes qui vont tomber. Des noms, par sensationnalisme, sont déjà jetés en pâture à une certaine opinion publique avide de rumeurs, qui s’en délecte.S’il y avait un changement de gouvernement il y aura des gagnants et des perdants. Mais on ne connaît pas encore l’ampleur et le sens du séisme annoncé et quelle signification politique éventuelle à lui donner.Il y a une certitude, à ce stade, la suppression du poste de premier ministre n’a pas à ce jour produit l’effet escompté, à savoir un « Fast Track », conduisant à fluidifier et accélérer les décisions gouvernementales. Par conséquent, une interrogation légitime est posée : le poste de premier ministre sera-t-il rétabli ? Qui sera bénéficiaire de cette confiance ?Il y a une question tabou, c’est celle de la succession du président Macky SALL en 2024 ou la perspective d’un troisième mandat qu’agite savamment l’opposition. L’actualité politique en Guinée et en Côte-d’Ivoire pourrait inciter à faire une telle comparaison hasardeuse. Le Sénégal reste une solide démocratie républicaine et pour laquelle la contribution de Macky SALL a été décisive en 2012. A l’époque il s’est démis de tous ses mandats refusant ainsi tout destin monarchique que maître Abdoulaye WADE voulait assigner à son fils, Karim WADE, « Ministre du ciel et de la terre ».Pendant longtemps, le cheval de bataille de l’opposition a été les revenus du pétrole et du gaz. Mais pour l’instant, cette perspective que faisait croire à l’opinion publique si proche s’éloigne. Face à une surprenante opposition, dont le projet politique repose sur cette formule « ôte-toi là que je m’y mette », la vie politique au Sénégal se résume à des rumeurs et des déballages.Une autre certitude, le président Macky SALL s’est réconcilié avec maître Abdoulaye WADE, son mentor. Quelle sera la place dans le jeu politique de Karim WADE qui n’a pas remboursé les sommes colossales qu’il doit encore à l’Etat du Sénégal ?Pendant l’Etat d’urgence sanitaire, au passage parfaitement bien géré par le président Macky SALL qui a renforcé son leadership en Afrique, on a observé une trêve politique, ainsi qu’un comportement républicain de l’opposition. Cela inciterait-il à un partage du pouvoir et pourquoi faire ?Si c’est un changement de gouvernement en profondeur et non un remaniement à la marge, quel nouveau cap le président Macky SALL entendrait-il donner à son nouveau gouvernement ?
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