La capitale kényane, Nairobi, a été le théâtre de violentes manifestations ce mardi, alors que des centaines de personnes protestaient contre la violence sexiste et les féminicides. Les forces de l’ordre ont dispersé les manifestants à l’aide de grenades lacrymogènes, transformant le rassemblement pacifique en affrontements dans les rues de la ville. Plusieurs manifestants ont été blessés et des arrestations ont eu lieu.
Une crise alarmante de violences sexistes
Le Kenya fait face à une épidémie silencieuse de violences sexistes. Selon la police, 97 femmes ont été tuées entre août et octobre 2023, principalement par leur partenaire masculin. Ces chiffres illustrent une situation préoccupante, aggravée par des incidents médiatisés de féminicides atroces.
Un cas récent a particulièrement choqué : un suspect ayant avoué le meurtre de 42 femmes s’est évadé de la cellule de police, suscitant la colère et l’indignation des manifestants. Ces derniers dénoncent la gestion défaillante des forces de l’ordre face aux féminicides.
Une répression policière critiquée
La manifestation de mardi, tenue lors de la Journée des droits de l’homme, a été brutalement réprimée par la police. Ce n’est pas la première fois que des manifestations similaires subissent une telle répression. Le 25 novembre, lors de la Journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes, la police avait déjà dispersé des protestataires à coups de gaz lacrymogène.
Les militants dénoncent ce qu’ils considèrent comme une double injustice : d’une part, le silence et l’inaction face aux féminicides, et d’autre part, la répression des voix qui s’élèvent pour exiger des changements.
Engagements gouvernementaux et réponse internationale
Le président kényan William Ruto a annoncé, en novembre, une enveloppe de 700 000 dollars américains pour financer une campagne de lutte contre les féminicides, suite à une rencontre avec des élues. Toutefois, pour les manifestants, ces mesures restent insuffisantes face à l’urgence de la situation.
Un rapport des Nations unies publié en novembre 2023 a révélé que l’Afrique enregistrait le taux le plus élevé de féminicides liés au partenaire. Ce constat place le Kenya sous les projecteurs, d’autant plus qu’il a été récemment élu au Conseil des droits de l’homme des Nations unies en octobre.
Une mobilisation nécessaire pour un changement durable
Les manifestants, malgré la répression, continuent de réclamer :
- Une justice stricte contre les auteurs de féminicides.
- Des réformes structurelles pour protéger les femmes contre la violence sexiste.
- Une gestion efficace des enquêtes et des procédures judiciaires, en évitant des évasions scandaleuses comme celle du suspect des 42 meurtres.
Ces protestations rappellent l’urgence pour le Kenya et la communauté internationale d’agir face à cette crise qui affecte profondément les droits des femmes et l’état de droit.