Les projecteurs du monde entier sont restés braqués toute la nuit dernière vers la première puissance du monde, les Etats-Unis d’Amérique. En raison de l’élection présidentielle qui s’y tenait ce mardi 3 novembre, tout le monde avait l’oreille tendue vers le pays de l’Oncle Sam. Du côté du continent africain en particulier, beaucoup espéraient se réveiller ce matin avec la bonne nouvelle de la défaite du président sortant, Donald Trump. Malheureusement, jusqu’à ce mercredi, il est impossible de savoir qui du président sortant et de Joe Biden remporte le scrutin. Et il n’est pas exclu qu’il en soit ainsi pour quelques jours encore. Une situation qui peut paraître étonnante en ce qui concerne les Etats-Unis mais dont on est plutôt coutumier sur le continent africain.
Qui aurait cru qu’on arriverait à comparer l’organisation des élections d’une part aux Etats-Unis, et de l’autre en Afrique ? Pourtant, avec ce qui se dessine, nous pouvons bien nous autoriser un tel parallèle. D’abord, par rapport au délai d’attente des résultats. Généralement, sur le continent africain, la proclamation du nom du vainqueur intervient entre trois et cinq jours après le scrutin. Et on a tendance à expliquer une telle attente par les défis logistiques que posent le dépouillement, la compilation et la remontée des données. Des défis d’autant plus importants qu’il s’agit dans la majeure partie des cas, de pays pauvres et en manque cruel d’infrastructures notamment routières. Des explications qui ne sauraient rendre compte de ce que nous observons ce matin aux Etats-Unis.
Ensuite, dans l’élection américaine qui vient de se tenir, on évoque déjà des divergences pouvant déboucher sur des velléités de contestation des résultats. On oserait à peine imaginer qu’on parle là des Etats-Unis, une démocratie vieille de deux siècles et avec des institutions parmi les plus solides au monde. Et c’est d’autant plus surréaliste que des confrères vont jusqu’à envisager des manifestations de rue pour contester l’élection d’un tel ou d’un tel autre. Recours, contestation, annulation de vote, bras-de-fer,…habituellement, ce lexique-là, en période électorale, est davantage réservé au continent africain. Le continent dit des »républiques bananières ». D’ailleurs, on en a l’illustration parfaite avec les situations qui prévalent respectivement en ce moment même en Guinée et en Côte d’Ivoire. Dans la première, le chef de file de l’opposition, reprochant au pouvoir d’user de la fraude pour maintenir son candidat, s’était déjà autoproclamé vainqueur de la présidentielle du 18 octobre. Et dans le pays, on a déjà enregistré des manifestations avec au moins une vingtaine de morts. En Côte d’Ivoire, le président sortant, réélu avec un score à la soviétique, non content de la défiance de ses opposants à endroit, encercle leurs domiciles respectifs avec des dispositifs sécuritaires particulièrement lourds.
Mais tant que c’était en Guinée, en Côte d’Ivoire ou dans un autre pays du continent noir, tout cela paraissait quelque peu normal et ordinaire aux yeux du monde. Après tout, il s’agit de peuples trop en retard. A cet égard, les Etats-Unis nous invitent à moins d’arrogance et à plus d’humilité. Car la leçon qu’on peut en tirer est celle que ‘’finalement, tous les progrès sont relatifs’’
Boubacar Sanso BARRY
Source ledjely.com
Discussion about this post