Sa disparition volontaire en janvier en France, où elle étudie, a provoqué un tsunami médiatique au Sénégal, son pays d’origine. Dix mois plus tard, Diary Sow publie un roman sur une jeune femme prenant la fuite, afin de répondre aux critiques et se réapproprier son histoire. «Je pars» raconte celle de Coura, Française d’origine sénégalaise qui décide d’échapper à sa vie. «Je ne suis pas Coura et elle n’est pas moi», insiste-t-elle.
Si Coura a grandi riche, Diary Sow a connu une enfance humble, sur la petite côte sénégalaise, où elle est née il y a 21 ans. – ‘Butin de guerre’ -«S’il était resté vivant, je ne pense pas que tout ceci serait arrivé», observe la longiligne jeune femme au regard intense, dont le parler ciselé, toujours précédé de courts instants de réflexion, dénote une grande maturité. Brillante, Diary Sow est couronnée deux fois meilleure élève du Sénégal, en 2018 et 2019, une distinction aussi prestigieuse que commentée dans ce pays pauvre ouest-africain. Le Sénégal craint le pire, jusqu’au sommet de l’Etat.
«On a eu l’impression d’avoir perdu un butin de guerre, un trophée», se souvient Zoubida Fall, autrice de nouvelles sénégalaise. Diary Sow «a pris du plaisir à être connue, à être photographiée. Elle se prêtait à ce jeu, donc elle en paie le prix», tranche-t-il, quand d’autres lycéens primés au Sénégal «n’ont pas connu ces aventures». «J’ai écrit ce bouquin pour régler quelques comptes», reconnaît la jeune femme «emprisonnée par l’opinion des autres», dont l’identité a selon elle «tellement été déformée qu’ n’arrive plus à coller à ce personnage».
Elle fait découvrir à Coura sa sensualité, quand l’on discourt rarement sur l’intimité féminine au Sénégal. Elle espère ainsi, au rythme des frasques de Coura, «réinventer» sa vie.
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