Le Mali, le Niger et le Burkina Faso ont annoncé leur retrait officiel de la Communauté Économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), une décision qui prendra effet dès janvier prochain. Les régimes militaires de ces trois pays justifient ce départ par les sanctions « inhumaines » imposées par l’organisation et son incapacité à répondre efficacement à leurs défis sécuritaires.
Un coup dur pour la CEDEAO
Cette décision marque un tournant majeur dans l’histoire de l’Afrique de l’Ouest. La CEDEAO, créée pour promouvoir l’intégration régionale et la stabilité, voit son autorité mise à rude épreuve. La sortie de ces trois pays, qui représentent une portion significative de la région tant en termes de ressources que de géopolitique, soulève des doutes sur l’avenir de l’organisation.
Selon Patrick Agbambu, consultant en sécurité, la CEDEAO a commis des erreurs stratégiques majeures en adoptant une approche punitive face aux régimes militaires. « Les menaces et ultimatums n’ont fait qu’encourager ces gouvernements à se radicaliser et à chercher des alternatives en dehors de l’organisation », explique-t-il.
Les sanctions : un pari risqué
Les sanctions économiques, la fermeture des frontières, et la coupure d’approvisionnement énergétique – particulièrement marquée par les actions du Nigeria – ont exacerbé les tensions sans offrir de solutions concrètes.
Ces mesures, censées isoler les régimes militaires, ont fini par renforcer leur coopération. Les trois pays ont formé une alliance sécuritaire, le Liptako-Gourma (ou Alliance des États du Sahel), une initiative destinée à mutualiser leurs efforts militaires et à contrer les menaces djihadistes dans la région.
Une décision aux conséquences régionales
Malgré leur retrait, le Mali, le Niger et le Burkina Faso restent cruciaux pour la stabilité économique et sécuritaire de l’Afrique de l’Ouest. Ces nations possèdent des ressources stratégiques, notamment l’uranium du Niger, l’or du Mali et les vastes terres agricoles du Burkina Faso. Elles jouent également un rôle essentiel dans la lutte contre le terrorisme, un défi qui affecte toute la région.
Le départ de ces pays risque d’affaiblir la capacité de la CEDEAO à jouer un rôle d’arbitre et d’acteur unificateur. Selon certains observateurs, l’organisation doit revoir ses priorités et ses méthodes pour regagner la confiance des membres restants.
Quel avenir pour l’Afrique de l’Ouest ?
Ce retrait historique pourrait redéfinir les alliances et les équilibres de pouvoir en Afrique de l’Ouest. Il met en lumière la nécessité de solutions adaptées aux réalités locales, plutôt que des réponses dictées par des influences extérieures ou des intérêts économiques immédiats.
La CEDEAO, confrontée à cette crise sans précédent, devra repenser son approche pour maintenir sa pertinence et son rôle de pilier régional.