CONAKRY – Alors que la Guinée s’approche de l’échéance initialement fixée pour la fin de la transition en décembre 2024, la Communauté Économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) se retrouve sous les projecteurs. L’organisation régionale est appelée à clarifier sa position face aux retards observés dans le processus de retour à l’ordre constitutionnel promis par le CNRD , la junte militaire au pouvoir depuis le coup d’État du 5 septembre 2021.
Un calendrier remis en question
Initialement, la CEDEAO et les autorités guinéennes avaient convenu d’une transition de 24 mois , devant s’achever en décembre 2024. Mais des signaux récents indiquant que cette échéance ne sera pas respectée. Le gouvernement guinéen évoque désormais 2025 comme année charnière pour l’organisation des élections présidentielles, législatives et locales , sans préciser de calendrier électoral clair .
La CEDEAO face à un dilemme
Alors que certaines forces politiques et organisations de la société civile accusent la CEDEAO de laxisme vis-à-vis du CNRD , l’organisation régionale adopte une position prudente et diplomatique . Elle prône le dialogue tout en maintenant la pression pour que la transition ne s’éternise pas.
Lors de sa dernière session, la CEDEAO a réitéré son appel à un respect des engagements , exhortant la junte à accélérer les préparatifs des examens et à garantir un retour rapide à un régime civil.
« La CEDEAO reste engagée aux côtés du peuple guinéen pour un retour à l’ordre constitutionnel dans les meilleurs délais. Les autorités de transition doivent respecter les échéances convenues », a déclaré un officiel de l’organisation.
Frustration au sein de la classe politique
En Guinée, une partie de la classe politique et des acteurs de la société civile dénonce un manque de fermeté de la CEDEAO face aux dérives de la transition . Certains dirigeants politiques, comme Faya Millimouno , accusent l’organisation de complaisance , évoquant des précédents, notamment lors du troisième mandat d’Alpha Condé en 2020.
Quelles perspectives ?
La CEDEAO pourrait intensifier ses pressions diplomatiques et exiger un calendrier électoral précis pour garantir la crédibilité de la transition. Des sanctions pourraient être envisagées si la main ne respecte pas ses engagements. Toutefois, l’organisation est privilégiée pour l’instant le dialogue et la concertation .
« La stabilité et la cohésion nationale doivent être primaires. Mais cela ne doit pas servir de prétexte pour un glissement de la transition », indique un analyste politique.