De nouvelles violences interethniques dans la région éthiopienne de l’Amhara (nord-ouest) ont fait des dizaines de victimes et déplacés des dizaines de milliers d’habitants, a indiqué vendredi à l’AFP le médiateur en chef du pays.
Cette dernière flambée de violence, marquée par le recours à des armes à feu, avive un peu plus les craintes sur le climat dans lequel sont censées se dérouler les élections nationales du 5 juin dans le deuxième pays le plus peuplé d’Afrique. La région Amhara est dominée par le groupe ethnique éponyme, le deuxième plus important d’Ethiopie.
Les violences, qui ont débuté la semaine dernière, se sont concentrées dans deux divisions administratives de la région Amhara, la zone Shoa Nord (ou Shewa Nord) et celle d’Oromo, cette dernière étant majoritairement peuplée d’Oromo, le groupe ethnique le plus nombreux du pays. Les administrateurs des deux zones ont jusqu’à présent refusé de donner des bilans précis mais le médiateur en chef de l’Ethiopie, Endale Haile, a indiqué vendredi à l’AFP, après s’être rendu sur place, que 200 personnes pourraient avoir été tuées dans ces affrontements.
« On peut dire sans crainte de se tromper que plus de 100 personnes sont mortes. L’estimation va jusqu’à 200 » victimes, a déclaré Endale Haile, précisant que ces données étaient « fondées sur les informations de déplacés ». Selon lui, plus de 250 000 personnes ont été déplacées par les violences dans la région de Shoa Nord et plus de 75 000 dans la zone spéciale d’Oromo.Les chiffres du médiateur en chef n’ont pu être confirmés de source indépendante.
En mars, de précédentes violences dans cette même région avaient fait plus de 300 morts et 50 000 déplacés. Les causes de cette tragédie demeurent floues. Des responsables amhara ont évoqué l’implication du groupe rebelle de l’Armée de libération oromo mais ce dernier a démenti être présent dans cette zone.
Dimanche, l’armée éthiopienne a annoncé l’envoi de troupes pour tenter de restaurer la paix. Le médiateur en chef a rapporté que la situation était calme lors de sa visite jeudi et vendredi. « Il faut à présent l’intervention des politiques, des pères religieux et des chefs coutumiers pour réconcilier les populations », a déclaré Endale Haile.
Les informations faisant état d’Amhara pris pour cibles dans ces violences ont déclenché ces derniers jours des manifestations de colère dans plusieurs villes de la région. Les forces de sécurité ont fait usage de gaz lacrymogènes et de tirs de sommation pour disperser les manifestants à Bahir Dar, la capitale de la région.
Le Premier ministre Abiy Ahmed est arrivé au pouvoir en 2018 après d’importantes manifestations antigouvernementales portées notamment par la jeunesse oromo et amhara. Mais son mandat a été terni par de sanglantes violences intercommunautaires, et les analystes redoutent que les élections législatives et municipales prévues le 5 juin accroissent l’insécurité.
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