Guinée : qui sont les parrains de Mamadi Doumbouya, l’auteur du coup d’Etat contre Alpha Condé ?

Le 5 septembre 2021, un dimanche, des habitants de la capitale Conakry se sont réveillés, surpris d’entendre des tirs à balles réelles. À midi, le jour du putsch militaire qui a renversé Alpha Condé, la situation était presque sous contrôle au centre-ville où se trouve le palais présidentiel, dans la presqu’ile de Kaloum.  (Enquête du lecteur).

La tournure rapide des évènements indique une possible conspiration de la part d’officiers supérieurs de l’armée, dont le chef d’état-major général de la grande muette, général Namory Traoré, originaire de la même contrée que le Président déchu. Certains observateurs l’attribuent la paternité de ce coup de force, étant la personne qui aura facilité la chute rapide du Président Alpha Condé, en dissuadant le reste de la hiérarchie militaire de ne pas intervenir sitôt. Cela aura été la conduite qui a permis aux forces spéciales (unité d’élite) de mettre la main sur la personne physique d’Alpha Condé. Selon nos informations, le putsch a fait de nombreux morts dans les rangs de la garde présidentielle, qui a été prise au dépourvu le jour du coup d’Etat.

Qui sont les putschistes ?

Les tombeurs du président Alpha Condé sont connus du grand public. Il s’agit d’une unité d’élite, créée par le Président déchu pour lutter contre le terrorisme. Cette force était née dans la perspective de faire face aux éventuels dangers liés à toutes formes de menaces, nous informe-t-on. Ces hommes sont pleinement formés. Deux fois, ces militaires ont empêché deux tentatives de mutinerie, s’agissant des assaillants qui voulaient empêcher la tenue du référendum pour l’adoption de la nouvelle Constitution en mars 2020. L’actuel président de la transition, Mamadi Doumbouya, était le patron de cette unité, armée jusqu’aux dents, qui a mis en déroute les assaillants.

Le caractère soudain du coup d’Etat du 5 septembre 2021 révèle son côté mystère. Presque, rares des Guinéens ont vu venir ce putsch et ni encore ses prémices. La classe politique en a pris acte dans l’espoir que la transition s’achève dans une durée raisonnable.

Des mécènes derrière le coup d’Etat ?

Si dans un premier temps, les putschistes ont évoqué la mauvaise gouvernance, le changement de la Constitution, les droits de l’homme bafoués, la justice aux ordres comme des maux qui les ont poussés à prendre le pouvoir par la force. Cependant, des zones d’ombre demeurent autour de la liste des auteurs du coup d’Etat. Le comité national du rassemblement pour le développement (CNRD) comme ils se font appeler, révèle ses soutiens, au fur et à mesure, notamment par sa manière de faire les choses. Il s’agit des personnes connues du grand public, « qui les ont permis à atteindre leur objectif », celui de la chute d’Alpha Condé, nous informe-t-on.

Ashok Vaswani

Ashok Vaswani: Il est le président-directeur général de l’entreprise Topaz, qui, selon nos informations, appuierait les militaires putschistes dans la rénovation du palais présidentiel dont une partie a été détruite pendant le coup d’Etat. Ses agents sont visibles au camp Makambo, non loin du quartier général des putschistes, qui réparent l’enceinte de ce camp militaire, théâtre d’affrontements entre les belligérants le jour du putsch. Cependant, son implication dans le coup d’Etat se dit dans les coulisses en permanence.

Antonio Souaré

Antonio Souaré: Qui est l’actuel président de la fédération guinéenne de football, autrefois ennemi juré d’Alpha Condé, qui était sur le point de perdre son contrat de loterie qui le lierait à l’Etat guinéen, serait cité étant un des mécènes de la junte au pouvoir à Conakry. Nos sources affirment que cet admirateur du football est fréquemment présent au siège du quartier général du CRND depuis la chute d’Alpha Condé.

Aboubacar Camara alias Idi Amin

Est un général à la retraite dont le nom est aussi cité étant « le véritable parrain » de Mamadi Doumbouya. Il est rentré en Guinée après deux jours seulement du coup d’Etat, mais des sources révèlent qu’il aurait fait un long séjour en Espagne dans le cadre de son congé. Il est présentement le ministre délégué à la Défense nationale.

Derrière le rideau, le coup d’Etat du colonel Mamadi Doumbouya n’est pas un fait qui relève de la volonté d’un seul homme, mais celui d’un groupe d’intérêts aux ramifications douteuses. Les jours à venir aideront les Guinéens à entrevoir d’autres zones d’ombre qui greffent autour de cette transition dont la durée n’est pas encore circonscrite dans le temps.

Youssef Mara, citoyen guinéen vivant en France.

Youssef54@gmail.com

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