Jacques Lewa:  » La justice guinéenne a du pain sur la planche »

La justice guinéenne a du pain sur la planche. Le procès des massacres du 28 septembre doit révéler toute la qualité de l’appareil judiciaire, ainsi que les résultats des réformes menées sous Alpha Condé. Il faut le reconnaître, le travail a été fait, pour arriver à un système qui répond aux attentes de tous les justiciables. Procès équitables, décisions justes et application des décisions de justice.

Les efforts ont été faits pour rendre les magistrats indépendants. Ils ont été mis à l’abri du besoin. Des salaires importants, plus élevés que pour tous les autres. Ils ont toute la latitude de travailler pour éclairer l’opinion sur toutes les questions sombres de cette nation.

Les sorties des différents accusés ont permis d’entendre diverses déclarations. D’abord sur la prise du pouvoir en décembre 2008 et sur la gestion de cette transition tumultueuse en deux temps. Les responsabilités des uns et des autres ont été indexées à plusieurs niveaux. Arrestations et purges au sein de l’armée, des arrestations de civils, interventions inopinées dans des domiciles des politiques, tueries et viols au stade du 28 septembre. Chacun se défend avec les moyens à sa disposition. Difficile pour l’heure de dire qui dit vrai. Les magistrats sont là pour situer l’opinion, non pas sur la seule foi des accusations des uns contre les autres, mais sur la foi des preuves matérielles, comme nous le voyons ailleurs.

Parlant des accusations, après donc celle de Toumba qui reproche à Dadis et à ses proches, d’avoir commis des crimes pour conserver le pouvoir, il se trouve avec le Général Sékouba Konaté, accusé d’avoir préparé les événements du 28 septembre pour donner le pouvoir à l’ancien président Alpha Condé. Cela avait été plus ou moins dit par le passé. Le Général Konaté a lui-même remis en cause la crédibilité du processus électoral qu’il a lui-même conduit et qui a abouti à la victoire d’Alpha Condé sur Cellou Dalein Diallo, dans une interview sur Espace TV. Il me semble par ailleurs important pour les autorités actuelles d’éclairer les guinéens sur la question de l’ulimo.

Ulimo, United Liberation Movement of Liberia for Democracy, un mouvement armé rebelle, formé en mai 1991 par les réfugiés et les soldats Krahn qui avaient combattu dans les forces armées du Libéria. Le mouvement a participé, à la guerre civile dans ce pays voisin. L’une des factions, dirigée par Alhadji Kromah, forte d’environs 12 000 combattants, était présente en Guinée jusqu’aux incursions rebelles de l’an 2000. D’ailleurs sa duplicité lors de la dernière attaque dans la matinée du 10 janvier 2001 dans la commune urbaine de Gueckédou, suscite toujours des interrogations. Ses hommes qui avaient été sollicités à combattre aux côtés de l’armée guinéenne, ont surpris les jeunes volontaires sur le front. Des dizaines ont été tués, non pas par les rebelles venus de l’autre rive de la Makona, mais par leurs alliés qu’ils étaient.

L’Ulimo était donc en Guinée. Est-elle là encore ? Ou est-elle restée jusqu’en septembre 2009 ? Des questions qui méritent des réponses claires. Au-delà des condamnations à prononcer, les guinéens doivent savoir, qui des recrues de Kaleya, comme le dit Toumba et des combattants de l’Ulimo ont tué et violé des femmes au stade.

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