Onze ans après, la justice tarde et les victimes de cette tragédie vivent dans «le désespoir et la solitude». Asmaou Diallo, présidente de l’association des victimes parents et amis du 28 Septembre , rappelle que ces douloureux événements les hantent encore. « Ce n’est pas parce que durant ces onze ans, le procès n’a pas eu lieu que nous allons nous décourager. Il faut absolument que la justice se fasse pour que les victimes soient rétablies dans leur droit.
A vrai dire, durant les onze ans là, on a eu beaucoup d’expériences et on a compris qu’il faut aller avec tact surtout avec un gouvernement qui n’est pas très favorable pour le procès » dit-elle. Tout comme Asmaou Diallo, Maitre Alpha Amadou DS Bah, avocat à la Cour et coordinateur du collectif des avocats du 28 Septembre, pense que le retard de la tenue de ce procès est dû à un manque de volonté des gouvernants actuels. Puisse que, depuis 2018, rappelle maitre Ds Bah, un comité de pilotage pour l’organisation du procès, avait été créé par l’ancien ministre de la justice Cheick Sako qui avait d’ailleurs proposé un budget provisoire de plus de 70 millards gnf, près de 8 millions d’euros. A la même année, l’enquête avait été clôturée après un arrêt de non-lieu rendu par la Cour Suprême et plus 400 victimes avaient été entendues par les juges d’instruction.
« Nous pensons qu’il n y a plus de motif qui retarde la tenue de ce procès puisse que l’instruction a été clôturée depuis 2018. Aujourd’hui la Cour d’Appel répond aux critères pour abriter ce procès » fait-il savoir. « C’est grâce à nous les victimes que le président Alpha Condé a été élu. » Cette victime rappelle aussi que la première dame de la république Hadja Djené Condé, avait pris des engagements afin d’aider les femmes victimes depuis 2010 mais à date, aucune suite.
« Tant qu’il n’y a pas eu procès, c’est–à–dire vérité, justiceet réconciliation, nous ne seronspas à l’aise », prévient- elle.
« J’avais reçu deux balles au niveau de mon pied et il a été doublement amputé. Je n’ai pas eu une prise en charge et j’ai des douleurs au niveau de mon pied. Beaucoup de victime comme moi souffre aujourd’hui énormément. Si tu entends procès, c’est quand les victimes sont en bonne santé ou vivantes, car ce sont eux qui vont témoigner lors du procès. ».
Le cas des disparus
« Iln’y a pas une communication et un espoir concret, tangible et réalisable qui dénote que ce procès aura lieu dans notre pays. Nous familles de victimes et ayants-droit de victimes, nous souhaiterions envoyer une requête auprès de la Cour pénale internationale pour que le procès se tienne là. Parce qu’il y a aucune garantie pour nous de la tenue de ce procès en Guinée. » L’ancien Ministre de la justice Mamadou Lamine Fofana, avait annoncé l’ouverture de ce procès en début du second semestre 2020.
« La façon dont ils ont pris le procès du 28 septembre, c’est comme si c’est quelque chose qui n’est pas possible. On peut direqu’actuellement le procès n’intéresse pas le gouvernement. » « La tenue de ce procès, ce ne sont pas seulement les victimes qui vont en bénéficier parce que c’est une forme de réparation et nous allons nous sentir mieux et le peuple de Guinée aussi se sentiramieux.
L’avocat d’Aboubacar Sidiki Diakité l’ex aide de camp du capitaine Moussa Dadis Camara, lui demande une libération conditionnelle de son client malade et incarcéré à la maison centrale de Conakry depuis des mois, pour qu’il aille se soigner avant l’ouverture du procès. « C’est ainsi que le dossier a été renvoyé devant le tribunal criminel de Dixinn, pour un éventuel jugement. La seule personne sacrifiée dans ce dossier, qui devra répondre et payer pour les autres, est mon client Toumba qui a été arrêté, qui ne sait rien de ce dossier et comme d’ailleurs le jugement le prouvera bientôt. » Un fait inacceptable aux yeux de Maitre DS Bah l’un des avocats des victimes, qui a déclaré avoir dénoncé depuis plusieurs années cette situation mais n’a pas été entendu pour le moment.
« Nous nous dirigeons vers un procès avec les personnes qui ont été renvoyéesdevant le tribunalcriminel. Nous espérons que quand la date réelle du procès sera fixée, ces personnesseront mises en congéespour rassurer les victimes. » L’aboutissement de ce procès permettra de mettre fin à l’impunité. La Guinée, a tenu des engagements forts au niveau de la communauté internationale, la CPI, des bailleurs de fonds et au niveau des partenaires multi et bilatéraux mais surtout au niveau des victimes.
Mais l’idéal pour cet avocat est que le dossier soit jugé en Guinée parce que selon lui, toutes les victimes sont en Guinée. «Et si on constate en fin d’année qu’il n’y a pas d’avancéemajeure et que le procès n’est pas programmé, nous serons dans la possibilité de la saisine des juridictions internationale», prévient-il. Du coté des organisations de défense de droit de l’homme comme l’OGDH, le retard dans l’organisation de ce procès, résulte d’un manque de volonté des autorités guinéennes. «L’État est en train d’utiliser des manœuvres dilatoires pour empêcher que ce procès se tienne tout en faisant croire à la communauté internationale qu’il a la volonté d’organiser le procès.
Et c’est ce qui va nous amener à ce 28 septembre, de tirer la sonnette d’alarme et de dire que trop c’est trop. Il faut que maintenant, qu’on en vienne au procès. Et si d’aventure nous n’obtenonspas gains de cause pourla tenue de ce procès, nous serons obligés de faire recoursà la juridiction supranationale pour porter plainte contre l’Etat guinéen qui refuse de diligenter le procès », déclare Abdoul Gadiri Diallo.
Maitre Hamidou Barry, Coordinateur principal des victimes des massacres du 28 septembre met en cause des responsables d’organisations de défense des droits de l’homme qui se sont portées partie civile dans le dossier
« Lorsqu’on me rappelle les massacres du 28 septembre, c’est un triste souvenir où ce lundi sanglant, des femmes avaient été violées, des innocents tués, certains torturés, détenus illégalement et d’autres séquestrés dans des conteneurs. Aujourd’hui, certaines victimes vivent avec le sida, d’autres les balles dans le corps et les membres amputés. Lorsqu’il y a eu les massacres du 28 septembre, c’est le premier président de l’OGDH à l’époque Dr Thierno Madjou Sow, qui avait fait appel à notre doyen maitre Bassirou Barry pour constituer un pool d’avocat en octobre. Ils ont toutfait pour me faire sortir dans le dossier des massacres du 28 septembre.
Moi je ne suis pas quelqu’un qui instrumentalise les victimes ou qui les prennent comme un fond de commerce. » Depuis la clôture de l’instruction, plusieurs dates ont été annoncées pour l’ouverture du procès par les autorités judiciaires mais son organisation matérielle traine.
Un nouveau ministre de la justice nommé
«Il est venu et n’a pas donné un autre point à revoir pour retarder encore le procès mais au contraire, il est très engagé et nous lui resterons vraiment reconnaissant si toutefois, il pouvait ouvrir ce procès maintenant »,
Source Mosaiqueguinee
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