L’ex reporter du Sphinx, un journal d’investigation malien, porté disparu depuis cette date, est probablement mort selon les informations de RSF. Karim Keïta, le fils de l’ancien président malien Ibrahim Boubacar Keïta renversé par un coup d’Etat il y a un an, détient peut-être une partie de la réponse à cette énigme. C’est la conviction d’un juge d’instruction du tribunal de grande instance de la commune IV de Bamako qui a sollicité le soutien d’interpol selon l’AFP.
«Birama a été tué et je l’ai vu couché»
Au moment de sa disparition, Birama Touré avait commencé à enquêter sur une liaison qu’aurait entretenu Karim Keïta avec la femme de l’un de ses amis. Selon ses informations, c’est le lieutenant-colonel Cheikh Oumar N’Diaye, à l’époque patron de la sécurité d’Etat et en lien avec Karim Keïta, qui présidait alors la commission Défense de l’assemblée nationale, qui aurait proposé ses services pour régler cette affaire. En octobre 2017, le journal malien Le Pays, révélait également disposer de témoins affirmant que Birama Touré avait été détenu et séquestré à la sécurité d’Etat sur «ordre de Karim Keïta». Le directeur de publication a par la suite été entendu par la justice sans que Karim Keïta ne soit inquiété.
Si ces récits divergent légèrement, le nom de Karim Keïta y revient systématiquement. Pour les deux ans de la disparition du journaliste, le 29 janvier 2018, une page Facebook à la gloire du fils de l’ex président intitulée «Soutien à Karim Keïta Katio» affirmait que Birama Touré, «endetté jusqu’au cou» aurait fui vers Dakar où il serait chez son oncle et en bonne santé. «Si nous voulons savoir ce qui est arrivé à ce journaliste porté disparu et donné mort par certaines sources, il est essentiel que Karim Keïta dise ce qu’il sait compte tenu des liens qu’il a avec cette affaire, estime le responsable du bureau Afrique de RSF, Arnaud Froger. » Joint par RSF, l’avocat de Karim Keïta a démenti l’existence d’un mandat d’arrêt international contre son client et indiqué que ce dernier faisait simplement l’objet d’une «demande de renseignements pour être entendu par interpol à Abidjan», en Côte d’Ivoire où il réside depuis le renversement de son père par un coup d’Etat militaire en août 2020.
Il a également précisé que Karim Keïta n’avait «jamais eu affaire avec Biram Touré» et qu’il ne le connaissait pas.
Une enquête préliminaire bâclée
Aucune investigation sérieuse n’a jamais été menée pour tenter d’identifier ce qui est vraiment arrivé à Birama Touré. Dans les jours qui suivent la disparition du journaliste, ses proches visitent les hôpitaux et les morgues de la capitale malienne. Une thèse qui ne tient pas selon RSF, qui a pu rencontrer à Bamako deux membres de la famille de Birama Touré. Le 29 avril 2016, après avoir pris congé de sa famille avec laquelle il avait passé l’après-midi, le journaliste rentre chez lui à moto vers 19h30.
Les fadettes ne font état d’aucun appel téléphonique reçu par le journaliste ni le jour, ni le lendemain de sa disparition alors que ses proches ont tenté à de multiples reprises de le joindre. Les caméras de vidéo surveillance présentes sur l’axe emprunté par le journaliste n’ont pas été exploitées. Le journaliste français Olivier Dubois y est otage d’un groupe armé depuis le 8 avril dernier.
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