A l’instar de ses homologues du monde entier, le président Alpha Condé a prononcé ce jeudi 31 décembre 2020, son discours de Nouvel an. L’occasion de faire le bilan de l’année écoulée d’une part, et de l’autre, de se projeter sur celle qui pointe dès ce 1er janvier. Et dans son discours, le président Alpha Condé a abondamment puisé dans le jargon du triomphalisme. Aussi bien sur le front de la lutte contre le nouveau coronavirus que sur celui des défis politiques que le pays aura affrontés en 2020, le chef de l’Etat a dressé un bilan fort élogieux. Ainsi, il a particulièrement mis en exergue le fait qu’en dépit du Covid-19, la Guinée ait pu organiser « trois élections sans concours financier extérieur« . Ce qu’il interprète comme « l’expression éloquente de notre souveraineté et de notre indépendance nationales« . La Guinée ayant en outre réussi à conclure les 5ème et 6ème revues avec le FMI, Alpha Condé dit constater que: « aucune des prévisions catastrophistes véhiculées contre notre pays par les esprits mal intentionnés, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur pour nous déstabiliser ne s’est réalisée ». N’abordant que très sobrement la question de l’unité nationale et du dialogue autour de laquelle il était quelque peu attendu, le président de la République s’est contenté d’un engagement lapidaire: « je suis prêt à travailler avec tous les Guinéens de bonne volonté et animés de bonnes intentions pour la Guinée et les Guinéens ». Enfin, c’est le chef de l’Etat qui le dit, pour 2021, la priorité sera accordée à la construction des routes et à la fourniture de l’eau.
Ci-dessous l’intégralité du discours
Guinéennes, Guinéens,
Mes chers compatriotes de la Guinée et de la diaspora
Au seuil de l’année 2021, je voudrais remercier chacun d’entre vous, pour l’effort collectif que nous avons entrepris ensemble, au cours de cette année 2020 qui a éprouvé le monde et bouleversé nos vies, et qui nous a permis de franchir le cap de l’année 2020.
A l’instar de tous les pays, la Guinée a été durant cette année 2020, confrontée à une pandémie qui a causé des pertes en vies humaines, ralenti certaines de nos activités économiques et réduit notre espace de mobilité sociale. Face à cette situation, je voudrais saluer la résilience guinéenne, devant le fléau du corona virus. Il faut se réjouir que le taux de mortalité en Guinée soit parmi les plus faibles au monde. Nous avons aussi achevé l’année 2020 par la mobilisation de moyens considérables et de nombreux sacrifices acceptés pour briser la chaine de contamination pour que le taux de guérison soit en hausse constante.
Dès le 13 mars 2020, la Guinée a pris des mesures urgentes pour contenir la propagation du corona virus, en instaurant des règles basées sur : le suivi automatique de voyageurs provenant de pays à risque, l’interdiction dans la capitale de rassemblement de masse, la fermeture des frontières terrestres et maritimes, le port obligatoire du masque et l’instauration du couvre feu, ainsi que la limitation du nombre de passagers dans les taxis et voitures individuelles.
Notre pays a installé des infrastructures sanitaires appropriées, pour faire face à la pandémie avec la création de 38 centres de traitement épidémiologiques, 8 équipes régionales, 33 équipes préfectorales d’alertes et de réponses et de 33 centres d’opérations d’urgence. Avec aussi, la construction, la réhabilitation, l’extension, l’équipement des infrastructures sanitaires à l’intérieur du pays et à Conakry. En plus de l’hôpital Donka, il y a celui de Matam équipé de 500 lits. Un autre hôpital à Gbéssia qui peut accueillir jusqu’à 300 personnes. Ainsi que sur des lieux spécialement aménagés qui peuvent contenir jusqu’à 300 à 400 personnes.
Guinéennes et Guinéens, mes chers compatriotes
Pour riposter aux conséquences de la pandémie, le gouvernement a prévu un budget de 563 milliards de francs guinéens qui s’est traduit entre avril et juin 2020 par : la prise en charge intégrale par l’État des factures, pour les abonnés au tarif social de l’électricité et de l’eau. Et pour les autres consommateurs, par : un report des échéances de paiement des factures d’eau et d’électricité, pour la même période, avec la mise en place de facilités de paiement. Le gel des prix des produits de santé et de première nécessité et le blocage des loyers sur les bâtiments publics pour la période d’avril à décembre 2020 ont également été décidés.
Pour les entreprises, dans le même espace de temps, par un report temporaire de l’ensemble des charges fiscales et sociales des entreprises du secteur du tourisme et de l’hôtellerie, y compris les contributions de sécurité sociale. Ainsi qu’un report des factures d’eau et d’électricité pour les avances des entreprises du tourisme et de l’hôtellerie, la renonciation à la Tva sur les factures d’eau et d’électricité. Une exonération de droits et taxes sur les équipements de santé et produits assimilés, le report du paiement des impôts, taxes et versements assimilés à l’État, la réduction des délais de remboursement des crédits de Tva. La suspension de la facturation de la surestarie portuaire, le règlement progressif de la dette intérieure de l’État, la mise en place d’un fonds spécifique pour les groupements d’intérêt économique, pour les aider à mieux absorber le choc économique et accompagner leur formalisation. La Guinée a adopté un plan de riposte de 350 milliards de francs guinéens. Car, selon les prévisions du ministère du Budget, les conséquences de la Covid-19 pourraient se traduire par une baisse atteignant 0,7% du PIB en 2020. Et enfin, la Guinée s’engage dans la création d’un Fonds de riposte Covid-19, pour un montant de plus de 2.500 milliards de francs guinéens. Plus que jamais nous devons continuer à respecter les gestes barrières et toutes les règles sanitaires prescrites, en attendant l’accès de tous les pays du monde à un vaccin qui pourrait définitivement vaincre la maladie.
En dépit de tout cela, nous avons pu organiser trois élections, sans le moindre concours financier extérieur. Ce qui est une expression éloquente de notre souveraineté et de notre indépendance nationales. Plus que jamais, notre destin est entre nos mains.
Nous avons pu conclure, la cinquième et sixième revue de notre programme avec le Fonds monétaire international. Je suis heureux de constater avec vous, qu’aucune des prévisions catastrophistes véhiculées contre notre pays par les esprits mal intentionnés, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur pour nous déstabiliser ne s’est réalisée, grâce au sens de l’intérêt national, du patriotisme qui caractérise notre nation.
Guinéennes, Guinéens, mes chers compatriotes
Dans cette nouvelle année 2021 qui s’ouvre, l’accent sera mis sur la création de richesses nationales par la concrétisation des projets mis en route sur le partage des ressources pour une Guinée encore meilleure pour ses filles et fils. L’amélioration de la vie quotidienne va concerner l’accroissement de la fourniture d’eau et d’électricité. Après le barrage de Kaleta (240 mgw), cette année verra le démarrage du barrage de Souapiti (450 mgw) et dans la foulée, celui d’Amaria (300 mgw) Foumi et Kogbedou en Haute Guinée, Keno, Zegbela et Lokua en Guinée forestière et Koukoutamba au Foutah.
Sans compter les barrages régionaux prévus dans notre plan énergétique. Pour aider le développement de l’intérieur du pays, 15% des recettes minières ont été affectés aux collectivités locales, par l’Agence nationale de financement des collectivités (Anafic) dont les moyens de fonctionnement devraient atteindre la somme de 700 milliards de francs guinéens les cinq prochaines années. Le pays s’engage à décentraliser le partage des richesses avec un fonds qui va offrir plus de 125 milliards de francs guinéens par an aux régions minières. Nous devons continuer d’œuvrer pour réduire la pauvreté, avec le projet d’inclusion économique financière et sociale nécessaire pour lutter contre la pauvreté, financé à 70 millions de dollars par la Banque mondiale. Pour l’autonomisation des femmes, un budget de 25 milliards de francs guinéens a déjà été réuni pour le renforcement des capacités dans la création et le développement des activités génératrices d’emplois. Un autre fonds de 150 milliards de francs guinéens, sera investi pour le renforcement de la parité. Tandis que 300 milliards supplémentaires iront au financement des activités de la jeunesse, la formation, l’accès au numérique et à la technologie.
Nos priorités seront la construction des routes, l’amélioration de la fourniture d’eau. Nous allons accélérer la construction des routes dans les quatre régions ainsi que les pistes rurales. Nous allons renforcer notre agrobusiness à travers les chaines de valeurs. Cela, non seulement pour assurer l’autosuffisance alimentaire, mais aussi la transformation sur place, de la plupart de nos produits. La création de jeunes et femmes entrepreneurs sera aussi au cœur de notre politique d’améliorer le panier de la ménagère, c’est-à-dire le social.
Enfin et surtout gouverner autrement en luttant contre la corruption, le clientélisme, le copinage. Instaurer le respect de l’Etat et des institutions. Nous allons récupérer tous les terrains illégalement vendus ou occupés, ainsi que les bâtiments du contentieux franco-guinéen abusivement et illégalement occupés.
J’envisage très bientôt d’organiser une conférence de presse pour expliquer et faire comprendre à tous, le « gouverner autrement ». Les spéculations dans la cité et les manœuvres de toutes sortes de prétendus faiseurs de roi et influenceurs du microcosme n’inspirent pas mes décisions et me laissent indifférents.
Je n’ai pas été élu pour servir la cause d’une élite, mais pour répondre aux aspirations légitime du peuple de Guinée qui se résument à une gouvernance plus équitable, judicieuse et vertueuse à savoir : la justice sociale, l’égalité des chances, la culture du mérite et de l’excellence. Pour la réalisation de cette ambition que nous partageons, je suis prêt à travailler avec tous les Guinéens de bonne volonté et animés de bonnes intentions pour la Guinée et les Guinéens.
Guinéennes, Guinéens, mes chers compatriotes
En ce début d’année 2021, nos pensées se tournent vers nos forces de défense et de sécurité. Les Guinéens peuvent aujourd’hui être fiers de leurs Forces de défense et de sécurité, notre armée nationale reformée sur une base de modernité et d’esprit républicain. Une armée qui défend aujourd’hui nos valeurs sur les champs de bataille pour la paix sur le continent, comme en témoigne encore la présence de nos 650 soldats engagés dans le maintien de la paix au Mali, notre pays frère.
Nos pensées se tournent vers l’Afrique et notre région touchée par la pandémie du corona virus qui s’ajoute aux menaces contre la paix et la sécurité. Notre devoir aujourd’hui est de circonscrire les périls dus à la guerre, au terrorisme, et au fondamentalisme religieux. Car nous avons besoin de paix pour asseoir notre développement et offrir un meilleur espoir à la jeunesse pour qu’elle ait confiance en l’Afrique.
En cette fin d’année, la tradition impose de rendre hommage à nos anciens, aux populations les plus démunies, à toutes les couches sociales atteintes par le corona virus et à ceux qui le combattent. Notamment le personnel soignant. Nos pensées vont vers nos compatriotes vivant à l’Etranger qui doivent être des acteurs impliqués dans notre processus de développement.
Nos pensées vont aussi à nos frères africains présents sur notre territoire national, dans une Guinée qui honore le panafricanisme et l’intégration africaine.
Au nom de notre idéal commun, je souhaite une bonne fête de fin d’année à chacun d’entre vous et à vos familles, ainsi que mes vœux de bonne santé, de paix et de prospérité. Plus que jamais, la Guinée, notre maison commune, a besoin de l’engagement de chacune et chacun d’entre vous. Pour bâtir ensemble, un avenir de paix, d’unité et de prospérité.
Vive la République de Guinée, libre, prospère et fraternelle
Que Dieu bénisse notre pays.
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