Bien que les relations avec le chef de l’Etat et le ministre des Sports, de la Culture et du Patrimoine aient été plutôt froides, Siaka Barry a écrit au président Alpha Condé pour défendre Madic détenu en détention. L’affaire des 100 frontières. Selon son avocat, la santé de Madic est est critique.
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Conakry le 19 décembre 2020
À Son Excellence Mr le Président de la République, Chef de l’Etat.
Objet : Alerte prisonniers politiques
Excellence Mr le Président de la République, cher père !
Il y a une semaine de cela, j’ai reçu par surprise, un vieux combattant du RPG, accompagné de son épouse effondrée et désespérée. Ils étaient munis de plusieurs anciennes photos prises avec vous dans les années 90, au moment de la difficile lutte pour la démocratie que vous meniez courageusement contre le régime de feu Lansana Conté. C’était le père et la mère biologique d’un certain Mamadi Condé alias Madic sans frontières, jeune blogueur guinéen, résidant au Canada, et aujourd’hui arrêté puisqu’étant en conflit avec la loi. Les parents de Madic, ayant frappé à plusieurs portes pour parvenir à votre magnanimité, ont (en désespoir de cause) tourné leur espoir vers ma modeste personne, afin de faire entendre leur demande d’indulgence, de pardon et de pitié à votre sens élevé d’humanisme. Ayant été sincèrement touché par l’histoire émouvante de ce vieux couple (qui vous a toujours tant aimé et soutenu et qui n’a jamais partagé certaines attitudes déviantes et illégales de leur propre fils), je lui ai promis sans beaucoup de conviction d’intervenir auprès de vous pour alléger sa souffrance.
Pourtant, Mr le Président de la République, j’avais décidé de ne pas intervenir auprès de vous contrairement à la promesse faite aux parents de Madic. La raison de ce refus interne est bien simple : me sentant ces derniers temps de plus en plus en rupture avec votre option politique (surtout en ce qui concerne certaines valeurs cardinales de la démocratie que vous nous avez enseignées vous-mêmes, pour lesquelle vous vous êtes battu pendant des décennies mais que vous semblez delaisser de plus en plus dans votre gouvernance) j’avais décidé de me mettre en marge de vos actions, le temps de m’expliquer ce changement de paradigme dans votre combat. Mais, voilà aujourd’hui, qu’après le décès avant-hier d’un détenu politique du nom de Roger Bamba, ce soir, c’est la mère de Madic qui m’interpelle dans un désespoir déchirant, sur la santé critique de son fils, qui aurait à son tour été admis dans un hôpital de Conakry.
Devant cette urgence humanitaire, je me résous à me defaire de tous mes griefs politiques et idéologiques, pour venir, les deux mains au dos, implorer au nom des injustices que vous avez subies sous les différents régimes, au nom des martyrs du RPG tombés sous les balles assassines pour l’émergence d’une Guinée de paix, au nom de mon mentor, votre bien-aimé frère, tonton Malick Condé, qui de là-haut nous regarde et qui nous conseillait toujours la paix et le pardon, et enfin au nom du Tout-Puissant Allah qui a couronné votre difficile combat d’honneur et de succès, je vous demande humblement, de bien vouloir examiner avec, pardon, indulgence et surtout diligence, la situation de tous les détenus politiques de l’opposition (y compris ceux-là qui ont manifestement attenté aux lois de la République dans ce contexte particulier de troubles politiques). Cher père, croyez-moi, par cet acte humanitaire vous rehausserez votre aura au firmament des hommes de paix et de tolérance, tout en ramenant beaucoup d’apaisement dans les cœurs et les esprits des guinéens.
Connaissant ce côté humain et indulgent de vous, je sais que vous l’auriez fait de toutes les façons, comme vous avez pardonné à vos pires bourreaux. Toutefois, certaines nouvelles, ne sont pas rassurantes dans les familles des détenus, d’où la raison de mon inquiétude.
Cher père, je serais fier, malgré notre divergence politique d’aujourd’hui, de voir l’histoire encore retenir, que vous avez mis un jour, votre grandeur au dessus de la mêlée, et que, comme l’empereur romain Marc-Aurèle, vous avez eu une victoire clémente pour vos adversaires à un moment crucial de votre histoire.
Voilà Excellence Mr le Président, les prières que je vous adresse, à genoux, pour le retour de la paix, de l’entente et surtout pour un début serein de votre nouveau mandat à la tête de notre pays, la Guinée, mandat que vous-mêmes avez placé sous le signe du « gouverner autrement » !
Que Dieu vous inspire la meilleure décision, pour le bonheur exclusif des guinéens et aussi pour une place de choix, un jour, dans le panthéon de l’histoire. Rien n’est encore trop tard M. le Président de la République.
Que Dieu bénisse la Guinée.
Votre fils Siaka Barry, citoyen guinéen
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