Ces quelques dizaines d’hommes, de femmes et d’enfants ont emprunté les mêmes routes poussiéreuses que leurs compagnons d’infortune éthiopiens pour gagner le Soudan lorsque le Premier ministre éthiopien, Abiy Ahmed, a lancé début novembre son opération meurtrière contre le parti au pouvoir dans la région dissidente du Tigré. Kheder Adam, 30 ans, habitait depuis deux ans dans un camp de réfugiés de la région de Shiraro, près de la frontière érythréenne quand, dans le chaos de l’offensive, il a perdu la trace de sa femme et de ses deux jeunes enfants. «Des soldats ont fait irruption dans notre camp et ont commencé à tirer sur tout le monde, femmes, hommes enfants», affirme-t-il. «Certains soldats étaient des Erythréens, d’autres étaient des soldats fédéraux », assure-t-il.
Depuis le début de la guerre avec l’Éthiopie en 1998, le service national en Érythrée, initialement de 18 mois, a été prolongé indéfiniment, malgré la fin du conflit.
«En sécurité» au Soudan
Le directeur soudanais du camp, Yaaqoub Mohammad, assure que les érythréens et les soudanais sont «en sécurité» au Soudan, mais s’inquiète pour ceux restés au Tigré, après les récits des réfugiés faisant état d’une «attaque» contre le camp de Shiraro. Le Haut commissariat de l’ONU pour les réfugiés a aussi fait part de sa préoccupation concernant les quelque 96 000 réfugiés érythréens encore en Éthiopie. Avant le conflit, le HCR et d’autres organisations humanitaires pouvaient répondre aux besoins des réfugiés érythréens dans les camps.
«Nous vivions en paix»
Lui aussi affirme que des hommes armés érythréens tiraient sur le camp. Pour William Davison, analyste pour l’Éthiopie au sein du groupe de réflexion International Crisis Group, il y a effectivement «d_es indications que des soldats érythréens ont été actifs dans les combats au Tigré_». «Certains des réfugiés érythréens qui se sont retrouvés en Ethiopie auraient été des soldats érythréens ayant déserté», dit-il à l’AFP. «Avec beaucoup de gens le service national érythréen, les camps sont devenus une cible», souligne Mme Estefanos, qui suit le conflit grâce à un réseau de contacts érythréens.
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