‘’Chasse aux sorcières’’, c’est l’expression que mettaient hier en évidence les médias qui, rendaient compte de l’intervention du premier ministre, Ibrahima Kassory Fofana, à l’occasion de la manifestation de réjouissance que le RPG-arc-en-ciel a organisée au palais du peuple pour célébrer la confirmation de la victoire du président Alpha Condé. Relayant l’engagement du chef de l’Etat à placer ce troisième mandat sous le sceau de la lutte contre la corruption et la mauvaise gouvernance, le chef de gouvernement y déclare en effet : « ne soyez pas étonnés que demain il y ait une chasse aux sorcières envers tous ceux et toutes celles qui détournent les deniers publics ». Sauf que l’utilisation de l’expression dans cette phrase laisse croire que son auteur n’en maîtrise pas le sens.
L’indice qui jette le doute sur la compréhension du sens de l’expression par le premier ministre, c’est le fait qu’il assume la fameuse « chasse aux sorcières ». Au point qu’il l’annonce comme la « Bonne nouvelle ». Or, ce doit être quelque chose d’inédit. Aucun responsable politique au monde n’assume une « chasse aux sorcières ». Au contraire, ils s’en défendent tous et systématiquement. Car tous ceux qui en connaissent le sens savent que « chasse aux sorcières » est une expression péjorative. Même si le mot ‘’sorcières’’ peut facilement laisser croire que la traque est contre les « hiboux de la république », ce n’est pas le plus important pour comprendre cette expression. ‘’Chasse aux sorcières’’ sous-entend surtout que la poursuite est sous-tendue par une logique de ‘’règlement de comptes’’. Qu’à ce titre, les griefs allégués ne sont pas nécessairement fondés.
En somme, les sorciers peuvent ne pas être des ‘’mangeurs de derniers publics’’, mais que pour des besoins de règlement de comptes, ils sont déclarés comme tels et poursuivis et traqués sur la base des accusations montées de toutes pièces. Est-ce le message que le premier ministre, Ibrahima Kassory Fofana, a-t-il voulu renvoyer ? Nous osons croire que non. On aurait dû entendre : « Ne soyez pas étonnés demain qu’il y ait une traque vigoureuse et sans pitié contre toutes celles et tous ceux qui détournent les deniers publics ». Mais l’on a entendu autre chose parce que le premier ministre a utilisé une expression qui n’était pas à sa place.
Boubacar Sanso BARRY
Source ledjely.com
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