Conjuguer les efforts pour que la transition actuelle ouvre les portes d’un lendemain heureux est et reste un devoir pour tout guinéen où qu’il soit. Il urge pour cela que chaque compartiment que compte notre pays apporte sa pierre à l’édifice. C’est un devoir qui incombe à tous, et le gouvernement au premier chef. Or, parlant justement du gouvernement, force est de remarquer que des faux pas, non des moindres, n’arrêtent de se démultiplier en cette phase pourtant cruciale de notre évolution. Allusion est singulièrement faite ici au Ministère de l’Administration du Territoire et de la Décentralisation (MATD). En effet l’arrivé d’un jeune Ministre aux commandes de ce grand département n’a pas laissé que des joyeux. De nombreux observateurs avaient estimé que la tunique était plus grande que le portrait de Mory Condé dont l’immaturité ne pouvait pas ne pas alimenter le scepticisme, même chez les plus indulgents. Aujourd’hui les jours passent et les faits donnent malheureusement raison aux partisans de cette opinion-là. Le MATD est un département d’une extrême sensibilité et qui, de ce fait, a besoin d’un homme qui a indubitablement la tête sur les épaules. Or, de l’avis de plus d’un, tout porte à croire que le casting qui a été celui du Premier Ministre et/ou du Président de la transition n’est pas des plus concluants concernant ce ministère. Le jeune, abusivement adepte des réseaux sociaux, semble s’en mêler les pinceaux à bien des égards.
A présent, venons-en aux faits. Depuis sa nomination à la tête du MATD, Mory Condé se voit sans doute comme un super ministre. Ça, c’est le moins qu’on puisse affirmer tant les preuves sautent aux yeux. Il rencontre et donne des instructions à ses homologues ministres. Certes, cela peut s’expliquer par sa fougue de jeunesse, motivée d’obtenir vaille que vaille le résultat pour le gouvernement auquel il appartient. Mais dans une équipe gouvernementale faudrait-il rappeler que les feuilles de route varient d’un département à un autre et qu’aucun agissement ne doit laisser place à un conflit de compétence. Cela ne doit venir de personne, fut-il un membre civil du CNRD. Mais ce n’est pas tout. Le patron du MATD se fait également remarquer, non sans tristesse, par ses communiqués malencontreusement rédigés et truffés de contradictions suivies de transgression même de la charte de la transition. C’est le cas par exemple de celui rappelant, le 5 novembre dernier, la « désignation » des membres du futur Conseil National de la Transition (CNT). La situation actuelle est fragile et nul n’a droit à l’erreur si minime qu’elle soit. En effet, le communiqué en question enjoint curieusement les structures énumérées à l’article 60 de la charte haut mentionnée à déposer les dossiers de candidature au secrétariat du MATD pour un éventuel choix à la seule discrétion du ministère ou du CNRD peut-être. Or, l’article 60 de la charte ne donne aucunement mandat au MATD (encore moins au CNRD) de s’arroger d’une telle prérogative. L’article cité parle plutôt de libre désignation par les structures d’origines. A lire entre les lignes du communiqué de Mory Condé on se rend à l’évidence qu’il n’accorde que très peu d’importance dans ses agissements aux acteurs politiques. Plus grave encore, il donne, à la limite, l’air d’un adepte du pouvoir absolu. Monsieur le ministre, les acteurs politiques sont suffisamment murs pour relever le défi du choix des 15 membres qui doivent sortir de leur rang. Prières de ne pas oublier cela, votre excellence ! Du reste, ce qui pourrait être attendu de vous en pareil cas, c’est simplement d’aider à définir objectivement les critères de désignation des représentants et ce, en accord avec les acteurs concernés. Mais dans vos faits et gestes il n’en est rien de tout ça, hélas. Est-ce par amateurisme ou que derrière tout ça se cache un agenda dont on ignore encore les motivations ? De l’un comme de l’autre cas, il y a matière à s’inquiéter quant à vos réelles capacités à conduire, de main de maître, ce département si sensible surtout en cette période transitoire. Le premier Ministre Mohamed Béavogui et le Colonel Mamadi Doumbouya doivent de toute urgence prendre la mesure de la situation pendant qu’il est encore temps. Les défis sont colossaux et l’enjeu est plus que capital. Nous n’avons pas, bis repetita, droit à l’erreur. Alors-là, pas du tout.
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